1. August 2011
MAURICE BéJART VU PAR MARCEL IMSAND
La collection offerte à Annette et Léonard Gianadda est exposée au Foyer de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. Jusqu'au 20 novembre 2011

Photographies: © Marcel Imsand

En offrant à Annette
et Léonard Gianadda la collection des photographies originales qu’il a faites
de Maurice Béjart, Marcel Imsand a choisi de placer cet ensemble sous le signe
de l’amitié. L’amitié qui a uni pendant plus de quarante ans le photographe et
le danseur; l’amitié qui lie depuis trente ans Marcel et Léonard; l’amitié
qui a mobilisé autour de la démarche de l’artiste des hommes et des femmes pour
que ses œuvres soient partagées avec le public.
Marcel Imsand réalise le premier portrait de Maurice Béjart en 1964. Il est
alors au début de sa carrière de photographe. Né le 15 septembre 1929 à Pringy,
en Gruyère, Marcel est le fils unique d’un ouvrier socialiste originaire du
Haut-Valais et d’une couturière de Broc. Rien ne le destine à suivre un
parcours artistique. Successivement porteur de pain, pâtissier, mécanicien de
précision, il se découvre une passion pour la photographie. Cela l’amène à
mener de front deux activités: ouvrier à l’usine durant le jour, photographe
le soir, le samedi et le dimanche. Malgré l’aide de Mylène, sa femme, il a de
la peine à concilier les deux métiers. En 1964, il abandonne son travail à
l’usine et choisit définitivement la photographie. Il installe son atelier au
centre de Lausanne, à la rue de l’Ale 9. Il y est toujours.
La qualité de ses travaux lui ouvre des portes: il devient le photographe
officiel du Comptoir suisse et du Palais de Beaulieu; il couvre les spectacles
et manifestations de la région.
A demi satisfait par les travaux de commande et les thèmes imposés, Marcel
Imsand a besoin d’aller davantage vers les autres, de transmettre, par la
photographie, les émotions intenses des rencontres. Le public découvre son
approche dans deux tribunes qui ont fait entrer la photographie d’art dans les
foyers romands: la fameuse série quotidienne «Les instantanés» dans la
Feuille d’Avis de Lausanne de 1969-1970, et les portraits pour le Sillon romand
– Terre et nature.
Ce qui lui manque encore dans ces contacts passagers, Imsand le cherche dans
des relations de longue durée. Il réussit à traduire des amitiés dans des
aventures photographiques qui suscitent l’étonnement et le respect. Issus de
rencontres improbables, des moments uniques de partage se concrétisent dans des
livres inoubliables: Luigi le berger, Les frères, Paul et Clémence. Sa longue
amitié avec Barbara débouche aussi sur un bel ouvrage.
Avec Maurice Béjart, comme dans toute relation humaine authentique, c’est
encore différent. Marcel suit Maurice pendant quarante ans. Il assiste à la
plupart de ses spectacles, mais ce sont surtout les répétitions qu’il
photographie. Au fil des années, un remarquable ensemble de portraits du
chorégraphe se constitue. Il reflète la confiance réciproque des deux amis.
Maurice Béjart accepte de livrer ses émotions à l’objectif du photographe et
Marcel Imsand suit, avec respect et admiration, la danse passionnée du
chorégraphe. A travers les gestes et les regards de Maurice, c’est donc aussi
Marcel qui se livre.
Cependant, malgré l’ampleur de la série et l’amitié qui unit les deux artistes,
Imsand n’ambitionne pas de consacrer un album à Béjart. Seule l’insistance de
ses amis finit par le convaincre. Il ressort de ses cartons les images qu’il
avait soigneusement tirées. Un premier livre, «Béjart secret»,
paraît. Marcel a le bonheur de le présenter à Maurice quelques jours avant sa
mort.
Un peu plus tard, lorsqu’il s’agit de donner un avenir aux soixante-trois tirages originaux qui sont à la base du livre, l’idée de les offrir à Annette et Léonard Gianadda lui vient naturellement. Pour les 25 ans de la Fondation, il leur avait offert la série originale de Luigi le Berger; pour les 30 ans, il leur offre Maurice Béjart. Soucieux de la pérennité de ses photographies, Marcel Imsand sait qu’elles sont en de bonnes mains et, surtout, qu’elles continueront à vivre en partage avec le public. L’exposition au Foyer de la Fondation Pierre Gianadda et le catalogue qui l’accompagne en sont de nouvelles preuves.
fg
Jean-Henry Papilloud
Sophia Cantinotti
Commissaires de l’exposition
L’exposition Maurice Béjart est accompagnée d’un catalogue, avec des textes de Jean-Henry Papilloud et Sophia Cantinotti.
Contact:
http://gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/
http://www.fotostiftung.ch/index.php?id=66&autor=239

Kommentare von Daniel Leutenegger