11. Februar 2012
TOM DALE: «FORMAL PLEASURE»
Exposition CAN - Neuchâtel, jusqu'au 1 avril 2012

Image: © Tom Dale, «Vision Machine 7»,
from series, C-Type print, 2010
La légèreté apparente du titre de l’exposition de Tom Dale est sans doute à
prendre au sérieux, comme on appréhenderait une plaisanterie dont la tension ne
serait pas entièrement résolue par sa chute. Une chute qui viendrait au
contraire accentuer l’impression de gravité et de pesanteur auxquelles nous
sommes soumis, non pas pour dénoncer les termes de la tension, mais dans le but
de retrouver les conditions nécessaires à une proposition nouvelle. L’impact
sur le sol, ce lieu d’où nous nous élevons pour inévitablement y retourner,
soulève une partie de la matière de ce niveau zéro, particules issues des
fondations pour lesquels il s’agira alors de trouver une nouvelle forme.
Dans une série de sculptures et de vidéos, Dale s’était confronté à cette
thématique en s’inspirant du parcours d’Evel Knievel. Ce cascadeur (et
véritable héros) américain s’était fait connaître en effectuant à moto des
sauts improbables par dessus des alignements de bus ou de voitures, des
fontaines ou des canyons. Toujours revêtu d’une cape et d’une combinaison
arborant les étoiles américaines, Knievel espérait que sa popularité
l’élèverait jusqu’à la présidence des Etats-Unis. Dale a alors créé de
gigantesques rampes au couleurs des USA (ou d’autres nations), mais dont la
forme distordue, la courbe improbable, prédit la chute du téméraire, même si
l’on tentait de faire abstraction des lois de la gravité.
Avec l’œuvre centrale de l’exposition, «Department of the interior»,
légèreté et pesanteur sont abordées d’un autre point de vue. L’installation
consiste en un imposant château gonflable réalisé en faux cuir noir. Cet objet,
qui génère généralement un espace ludique, inclusif et participatif, convoque,
par simple transposition de matériaux, une foule de notions conflictuelles. Si
cette œuvre permet a Dale de revenir sur le politique – thème qu’il avait déjà
abordé avec ses rampes inspirées de Knievel – et d’introduire une réflexion sur
une sexualité fantasmée, elle aborde surtout le thème central de toute son
œuvre: le flou grandissant qui s’empare de la limite entre le collectif et
l’individuel, le public et le privé. L’humour permet à Dale une mise à distance
critique, mais en assumant la pesanteur propre à notre condition tant humaine
que sociale, il tente de réinventer une terra firma apte à générer apparitions
et visions.
L’exposition «Formal Pleasure» multiplie les points de vue sur ces thématiques complexes en proposant de nombreuses œuvres créées pour l’occasion, passant du montage photographique à l’installation, et de la vidéo à la sculpture.
can
Contact:
CAN
– Neuchâtel
Centre d’art Neuchâtel
rue des Moulins 37
CH-2000 Neuchâtel
T:+41 32 724 01 60
info@can.ch
http://www.can.ch
Kommentare von Daniel Leutenegger