23. Oktober 2011
L’écrivain genevois Claude Delarue est mort
Le romancier d'origine suisse est décédé jeudi à Paris. Il laisse derrière lui une œuvre ample et ambitieuse.
Photo: http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Delarue
«Genevois d’origine, il avait choisi de résider à Paris dès 1972. Auparavant, il avait séjourné à Vienne, où il a étudié la musicologie, à Berlin et à Londres. A Genève, il a travaillé pour la télévision, puis, pendant un an, a effectué des missions pour le CICR, au Proche Orient surtout. Plus tard, il séjourna également aux Etats-Unis sur les traces d’Edgar Poe, auquel il a consacré une étude (Seuil, 1985). Il écrivit aussi sur Baudelaire, sous l’angle de la honte et de la révolte, des thèmes que l’on retrouve dans ses romans. A Paris, Claude Delarue a travaillé comme critique (La Quinzaine littéraire, la NRF) et comme conseiller et lecteur dans plusieurs maisons – Denoël, Flammarion, Julliard, Albin Michel. Sa prestance, le timbre sonore de sa voix, que tempérait une distance ironique, impressionnaient, voire intimidaient.
Depuis Les Collines d’argile (Denoël, 1972), Claude Delarue n’a cessé de publier, tous les deux ou trois ans, des romans ambitieux qui lui ont valu l’estime de la critique et de nombreux prix en Suisse romande et en France. Mais jamais il n’a obtenu la reconnaissance que l’ampleur de son œuvre appelait.
‹Ses livres ne correspondaient pas au goût français›, dit Marlyse Pietri, son amie et son éditrice. ‹Ils ont la générosité des romans de langue allemande ou anglaise. Une énorme puissance d’imagination, au service d’une pensée forte: il crée des histoires larges, brassant les époques, traversées de thèmes philosophiques: la guerre, la culpabilité, la faute, la responsabilité, l’existence d’un dieu.› Lui-même formulait ainsi son projet, à l’entrée ‹fiction› d’un abécédaire élaboré par notre collègue Isabelle Martin: ‹J’estime que la fiction peut servir à exposer certaines idées, et que c’est un tort de dire, comme on a tendance à le faire en France, que les idées ont leur territoire propre et ne doivent pas venir encombrer le roman. Or, le roman est un genre multiple dans lequel on peut mettre ce que l’on veut, pourvu que ça fonctionne.’»
Isabelle Rüf, «Le Temps»:
«Delarue a beaucoup produit. On lui doit une trentaine de romans et essais, plus trois pièces de théâtre. Citons parmi ses fictions ‹La mosaïque› (1986), ‹La faiblesse de Dieu› (1995) ou ‹Les chambres du désert› (2005). Son dernier roman, ‹Le bel obèse›, tournait autour du personnage mythique de Marlon Brando. Retiré du monde, l’acteur y entretenait une liaison un peu folle avec une jeune femme fascinée. Il s’agissait là d’un fort bon texte.
Le Genevois avait du reste été bardé de prix littéraires. Il a eu le Schiller, celui de l’Académie française, le Rambert, le Dentan ou le Lipp. Son ultime apparition littéraire, ‹La grandeur des perdants›, date de cette année. Delarue dialogue sur son œuvre avec Isabelle Martin pour les Editions Zoé. Coïncidence, la journaliste s’est également éteinte peu après …»
Etienne Dumont, «Tribune de Genève»:
http://www.tdg.ch/actu/culture/ecrivain-genevois-claude-delarue-mort-71-ans-2011-10-21
Kommentare von Daniel Leutenegger