Hayan Kam Nakache à Fribourg

Fri Art présente jusqu'au 8 février 2015 la première grande exposition monographique de Hayan Kam Nakache qui développe une pratique très personnelle du dessin depuis plus de sept ans. L'exposition mettra au jour un ensemble de près de 60 dessins (essentiellement des petits formats) réalisés entre 2010 et 2014 et sélectionnés sur une base de près de 350 feuilles.

Image: http://www.fri-art.ch/

HKN

Ses expérimentations plastiques explorent divers territoires. Ceux-ci s’étendent de dessins au trait noir ciselé, extrêmement denses et tendus, qui sont comme des paysages intérieurs frénétiques à des peintures absurdes et inspirées d’expressions plastiques douteuses, demandant un «haut niveau d’incompétence» en passant par des scènes de genre, histoires de mœurs sur le mode de la bande dessinée indépendante.

Ces pratiques complémentaires empruntent à différentes sources visuelles, qui proviennent autant de certains pans de la culture populaire que de l’histoire de l’art contemporain ou de la calligraphie arabe (une partie du bagage culturel de l’artiste).

HKN honore et intègre notamment des éléments généralement considérés comme des déchets de la culture iconographique actuelle à l’instar de l’art fatigué que l’on trouve dans les galeries démodées ou les mauvais graffitis des bas-fonds de parking souterrains. Son regard n’est en ce sens pas si éloigné de celui que porte, par exemple, Valentin Carron sur l’art visuel local. A travers ces choix et ce déplacement particulier du cadrage, «le ringard devient singulier».

Ce travail extrêmement riche, et unique en Suisse, ouvre à un univers de références allant de la bande dessinée expérimentale de Gary Panter au pop art décalé d’un Peter Saul, du dessin de presse de Saul Steinberg à ceux sous mescaline de Michaux, de la peinture d’Albert Oehlen aux catalogues de personnages de William Copley, ou encore au Heta-Uma de l’illustrateur punk Teruhiko Yumura, ainsi qu’à d’autres artistes contemporains comme Vittorio Brodmann, Josh Smith, Matt Brinkmann ou Amelie von Wulffen.

Ses surfaces vibratoires, condensées et impénétrables rejoignent dans leur délire ses personnages hébétés ou ce taureau un peu ahuri que l’artiste présente comme un «Picasso nase».

Le duo Tobby Landei, composé de HKN et de l’artiste genevois Josse Bailly depuis 2009, réalise dans une salle de l’exposition une grande peinture murale qui révèle une autre facette du travail de l’artiste. Tobby Landei s’est spécialisé dans la création d’environnements et d’expositions surabondantes composées de peintures murales, d’objets de brocantes et de toiles et dessins d’autres artistes invités par le collectif, comme par exemple en 2013 lors de l’exposition Hotel Abisso au Centre d’Art Contemporain Genève.

Hayan Kam Nakache est né en 1982 à Damas en Syrie. Il est diplômé de la Head de Genève et a bénéficié en 2011 de la résidence du Triangle à Marseille puis de celle de l’atelier de la Confédération au Caire en Egypte en 2012.

Barricades of Life, a Pool Outside

Avec Marc Hunziker (*1989), Chantal Kaufmann (*1984), Rafal Skoczek (*1989), Mia Špindler (*1985), Urban Zellweger (*1991)

L’espace d’art indépendant UP STATE est géré à Zurich par des artistes actifs dans différents médiums. Pour leur exposition à Fri Art, ils transposent leurs stratégies matérielles et économiques au sein d’une structure institutionnelle. Les espaces de la Kunsthalle deviennent un médium pour mettre en scène leur manière de travailler.

Leur installation fragmentée et élusive est conçue en commun et ne comporte aucune signature individuelle. Un fanzine produit pour l’occasion donne un aperçu du processus qui a conduit à l’exposition. Quelques travaux personnels sont également exposés dans l’espace public, autour de Fri Art.

Le label de soirées POOL est un projet parallèle d’UP STATE qui permet de financer les activités de l’espace d’art autogéré. POOL organise au sous-sol de la Kunsthalle la fête d’après-vernissage dont les frais sont couverts par le budget de l’exposition. Les bénéfices de la fête sont reversés à UP STATE afin de poursuivre le programme d’exposition selon le modèle économique circulaire habituel des deux entités.

Marc Hunziker, Chantal Kaufmann, Rafal Skoczek, Mia Špindler et Urban Zellweger vivent et travaillent à Zurich.

Jacolby Satterwhite (*1986)

Reifying Desire 6, 2014 Vidéo digitale HD, animation 3D 24’14 min

Présentée en avant-première dans la section New Frontier du Sundance Festival en janvier 2014, puis dans sa version finale à la Biennale du Whitney à New York en mars de la même année, la sixième partie de Reifying Desire montre l’avatar numérique de Satterwhite libéré de toute gravité et effectuant une chorégraphie aérienne dans un paysage surréaliste et angoissant.

L’artiste a créé cet environnement à partir de dessins et croquis de sa mère. Schizophrène et dépressive, cette dernière occupe ses journées à regarder des chaînes de téléachats et à redessiner des objets et gadgets qui y sont présentés. Elle en redéfinit les formes et les fonctions et les accompagne de nouveaux manuels d’utilisation absurdes ou utopiques.

Satterwhite transforme ces objets en architectures et paysages numériques qui lui permettent de continuer l’exploration poétique de son histoire personnelle et de ses intrications avec le monde extérieur, les normes sociales, les questions de procréation et d’homosexualité.

Sa chorégraphie emprunte à la fois aux arts martiaux, au voguing (une danse urbaine très codifiée pratiquée par des groupes gay latino- et afro-américains, principalement à New York), au film pornographique gay et aux techniques élaborées par le chorégraphe William Forsythe (*1949).

Jacolby Satterwhite vit et travaille à New York.

cp

Contact:

http://www.fri-art.ch/