22. August 2011
Florian Graf: «Well, Come»
Abbatiale de Bellelay, exposition jusqu'au 18 septembre 2011

Images: © http://www.floriangraf.ch/de/Selected/WellCome

A l’occasion de l’exposition annuelle de la Fondation de l’abbatiale de Bellelay, Florian Graf (*1980 Bâle, vit où il travaille et vice-versa, principalement à Bâle, Londres et Berlin) s’approprie l’abbatiale et la fait sienne. De même se laisse-t-il imprégner par l’espace qu’il occupe. Après des séjours à New York, Edimbourg, Chicago, Londres et Berlin, l’artiste se retrouve ici comme la figure du Saint Jérôme d’Antonello de Messine en train de travailler à son étude au cœur même de l’église.

Le temps de cet été, Florian Graf accueille les visiteurs dans son habitation,
esquisse d’un monument à vivre. Le titre de l’exposition indique que les portes
sont ouvertes au public (welcome = bienvenue), mais exprime également une
certaine réticence à l’idée d’être dérangé dans son intimité (Well, Come =
bon ben, entrez!).
Dans la nef devenue atelier, l’artiste dresse une structure géométrique qui s’élance dans l’espace pour venir souligner et déstabiliser les éléments de l’architecture du lieu.
Tel un portail placé à l’entrée de l’église, cette construction joue avec la perspective et modifie notre appréhension de l’édifice. Les lignes droites et minimalistes contrastent avec les voûtes de l’abbatiale et les volutes baroques des stucs. Les tours abstraites se dressent en concurrence aux piliers, cachent un autel pour mieux le révéler plus loin. La composition en ramification se déploie dans la nef, les chapelles latérales et la galerie cherchant d’une part à soutenir l’édifice, d’autre part à en repousser les limites.

Véritable monument à l’intérieur du monument, cette sculpture exprime à la fois la croyance et le doute, l’élévation et la chute, la construction et la démolition. Architecture improbable, capriccio, elle devient au détour d’un pilier en habitacle, module habitable, espace de travail, tour de contrôle.
Florian Graf transforme le chœur de l’église en appartement. Lieu de vie, d’ascèse, de convivialité et d’ameublement. Lieu de repos, d’habitude, d’imagination et de souvenirs. Lieu de ressourcement, d’inspiration et d’exposition.
Si dans un premier temps nous pensons être dans un espace
familier entourés d’objets du quotidien, de nombreux détails génèrent petit à
petit une ambiance poétique, humoristique, voire inquiétante. Les hiérarchies
entre les meubles et les œuvres de l’artiste s’estompent. Les mots
«sterben/streben» (mourir/chercher à atteindre) sprayés sur le dos
de la tête du lit dans l’abside créent une tension existentielle qui empêche
tout repos. Un lavabo devient fontaine, source de vie. Un jeu d’échec paysage.
L’horloge n’indique pas l’heure mais un temps de suspension.
Les photographies de l’artiste placées çà et là confèrent à l’espace plus
d’intimité tout en créant l’étrangeté. Elles soulignent la présence de
l’artiste dans le lieu et révèlent son absence. Ces images peuplées d’objets
incongrus, de situations instables, d’architectures improbables, de
compositions trouvées au hasard d’une rue, d’un échafaudage, d’un reflet sur le
sol rendent compte de l’univers de Florian Graf qui oscille entre érudition et
parodie, réalité et fiction.
Caroline Nicod, commissaire de l’exposition
Contact:
Abbatiale de Bellelay
CH-2713 Bellelay
http://www.abbatialebellelay.ch
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Dans le cadre de cette exposition, paraît aux éditions clandestin un catalogue bilingue (fr. / all.) avec des vues de l’installation et des textes de Tenzing Barshee, de Caroline Nicod et Reto Thüring. Une édition de tête de ce catalogue avec une œuvre originale de Florian Graf est également disponible.

Kommentare von Daniel Leutenegger