14. Mai 2025
«MUSIQUE MÉCANIQUE»
Exposition Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève, jusqu’au 17 août 2025

Image: Pendule à sonnerie et jeu de flûtes Pierre Jaquet Droz (1727-1790), Josué Robert (1691-1771), horlogers, penduliers La Chaux-de-Fonds et Genève, 1783, Mouvement en laiton, échappement à verge et sonnerie des trois quarts d’heure sur cloche, affichage du quantième, jours et mois, Orgue à 18 tuyaux métalliques jouant 8 mélodies sur cylindre à picots, Haut. 236 x larg. 56,8 x prof. 36,5 cm, Achat, 2022; inv. H 2022-0449 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo: F. Bevilacqua
Découvrez le charme de la musique mécanique, logée dans des objets fascinants et multiformes dont le principe a été inventé à Genève à la fin du 18e siècle. Laissez-vous porter par les mélodies de Verdi, Rossini, Wagner et les airs populaires qui animaient les salons d’autrefois, observez la chorégraphie précise des lames vibrantes, plateaux, cylindres et goupilles. Admirez la subtilité des mécanismes conçus par les horlogers et les mécaniciens d’art, dont les savoir-faire sont inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Une invitation à explorer l’ensemble légué par l’expert genevois Jacques Antoine Horngacher dit Etienne Blyelle (1929-2013), mis en dialogue avec les pièces musicales et sonores du domaine horloger du MAH. Une exposition pour tous, curieux de musique, d’histoire ou d’objets insolites.
À la fin du 18 e siècle, un horloger genevois constate les propriétés de résonance de l’acier et imagine enrichir de notes les sonneries (cloches et carillons) associées aux garde-temps domestiques depuis le 16 e siècle. En 1796, Antoine Favre (1767-1828) présente à la Société des Arts de Genève «un carillon sans timbres jouant deux airs et imitant le son de la mandoline, renfermé dans le dessus d’une tabatière de grandeur ordinaire.» Dès 1802, Isaac-Daniel Piguet (1775-1841), un horloger de la Vallée de Joux installé à Genève, développe l’invention en introduisant dans des bagues, des cachets et des montres, ces minuscules mouvements à musique mis au point par Antoine Favre, qu’il double de figures animées. Pour garnir des objets plats comme les montres, le cylindre est dès lors remplacé par un petit disque appelé «plateau». Garni de picots sur les deux faces, il augmente le nombre de notes. Vers le milieu du 19 e siècle, des mouvements plus grands sont placés dans des tabatières, boîtes en bois, en corne, en écaille ou en métal précieux, ou des socles de pendule. Ces mécanismes sont associés à des objets d’art. Mais leur potentiel musical représente un intérêt propre: ils se logent dans des boîtes simples de bois fruitier, d’où leur nom de «boîtes à musique». Le principe est toujours le même: un ressort actionne un disque métallique ou un cylindre garni de pointes qui, à leur passage, soulèvent puis relâchent dans un ordre défini des lames en acier disposées en peigne.

Image: Mouvement à musique pour tabatière. Lieu de fabrication indéterminé, vers 1825. Laiton, acier Musique à plateau, deux éventails de 14 lames individuelles (recto et verso). Long. 52 x larg. 3,8 cm Ancien fonds; inv. N 0550 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo: F. Bevilacqua
Les premiers mécanismes produisant de la musique sont ainsi fabriqués dans la cité de Calvin. L’engouement est immédiat pour les montres, tabatières, cachets et autres objets dont s’échappent des mélodies.
À partir de la seconde moitié du 19 e siècle, la boîte à musique, branche annexe de l’horlogerie genevoise, laisse place à celle de la région de Sainte-Croix ou de Beaucourt. Ateliers et manufactures réunissent des dizaines de métiers (arrangeur de mélodies, poseuse de goupilles, accordeur, ébéniste, automatier…) associés pour créer des ponts entre art et technologie mécanique.
Le répertoire s’étend, comme la taille des boîtes, avec les cylindres amovibles, puis interchangeables. Les disques métalliques, apparus en 1885, préfigurent phonographe et gramophone, qui signent le déclin de la boîte à musique.
Après le désintérêt du 20 e siècle, ces objets fascinants ont repris vie à l’ère du streaming et adopté de nouvelles formes, sculpturales, notamment grâce aux artistes de Sainte-Croix qui veillent à la transmission de leurs savoir-faire. La reconnaissance des savoir-faire en horlogerie et mécanique d’art sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, en 2020, soutient leur démarche.

Image: Montre en forme de harpe avec mécanisme à musique. Bessière et Schneider, faiseurs de boîtes Genève ou Suisse, vers 1810 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo: B. Jacot-Descombes
La musique mécanique dans le patrimoine genevois
Le Musée d’art et d’histoire conserve des pendules à sonnerie, à jeux de flûtes, orgues, carillons, tympanon, automates et oiseaux chanteurs, dont la fabrication s’est développée aux 18e et 19esiècle. La collection comprend aussi des montres et cachets à musique, boîtes à oiseaux chanteurs et à musique, logés dans une belle variété d’écrins. Cet ensemble démontre la constante association des mécanismes sonores aux mouvements horaires, la juxtaposition des carillons mélodiques avec les sonneries marquant l’écoulement du temps. La musique mécanique permet véritablement de produire des airs, et non de reproduire ceux-ci, comme le font les phonographes ou les disques. De plus la proximité de ses métiers spécialisés avec les savoir-faire de l’horlogerie la distingue de la production des instruments de musique.
Commissariat:
Estelle Fallet, conservatrice Horlogerie, émaillerie, bijouterie
et miniatures
Anne Baezner, collaboratrice scientifique du domaine
Horlogerie, émaillerie, bijouterie et miniatures
cp
Contact:

Image: Boîte à musique à cylindre. Bovet Frères & Cie (diffuseur), Fleurier, vers 1850 © Musée d’art et d’histoire de Genève, photo: B. Jacot-Descombes
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Kommentare von Daniel Leutenegger